En août 1970, le Club de Rome a demandé au Groupe d’Etude de Dynamique des Systèmes du MIT, d’entreprendre l’étude des tendances d’un certain nombre de facteurs qui déréglaient la société. Ce groupe a cherché à définir les limites matérielles qui s'opposent à la croissance démographique de la population et les contraintes résultant de leurs activités économiques sur la planète. La problématique des auteurs du rapport Meadows (1972), au titre évocateur « Limits to Growth » fût ainsi définie de la manière suivante : « Dans ce contexte, partout les hommes sont confrontés à des théories de problèmes étrangement irréductibles et tout aussi insaisissables : détérioration de l’environnement, crise des institutions, bureaucratie, extension incontrôlable des villes, insécurité de l’emploi, aliénation de la jeunesse, refus de plus en plus fréquent des systèmes de valeurs reconnus par nos sociétés, inflation et autres dérèglements monétaires et économiques…Ces problèmes en apparence différents ont en commun, trois caractéristiques. Premièrement, ils s’étendent à toute la planète et y apparaissent à partir d’un certain seuil de développement quels que soient les systèmes sociaux ou politiques dominants. Deuxièmement, ils sont complexes et varient en fonction d’éléments techniques, sociaux, économiques et politiques. Finalement, ils agissent fortement les uns sur les autres et cela d'une manière que nous ne comprenons pas encore » (1972, p 139). Afin d’obtenir une évaluation générale de la situation du monde, le groupe du MIT a choisi une méthode analytique spécifique, mise au point par Forrester (1971), la dynamique des systèmes. Cette dernière permettrait une représentation graphique et numérique de toutes les relations planétaires, en termes facilement compréhensibles. L’objectif principal du MIT était ainsi la reconnaissance dans un contexte mondial des interdépendances et interactions de 5 facteurs critiques : explosion démographique, production alimentaire, industrialisation, épuisement des ressources naturelles et pollution. Malgré certaines critiques émanant des économistes, Limits to Growth est très vite devenu un best-seller, traduit en plusieurs langues et dont les principaux résultats (hypothèse du collapse) furent relayés par la presse. Limits to Growth sera réédité en 1992 et en 2002, les simulations du modèle feront même l’objet de travaux parallèles, réitérant les nombreuses conclusions du rapport originel.
Les organisateurs du Colloque international “Les 50 ans de la publications du Rapport “Limits to Growth” entendent célébrer cette date anniversaire en proposant aux contributeurs de s’attacher aux problématiques suivantes:
1. Une présentation du contexte social, économique, environnemental et politique durant lequel le rapport Limits to Growth a été rédigé. Les propositions pourront s’attacher à analyser les liens entre l’OCDE, le Club de Rome et les auteurs du Rapport ou encore à replacer le rapport dans le cadre du Sommet de Stockholm.
2. L’analyse du rapport Limits to Growth, en précisant ses forces et ses faiblesses, ses principaux résultats, la méthodologie utilisée (la dynamique des systèmes), le type de modèle (modèle de simulation), la programmation informatique mobilisée, ses extensions possibles (jeux de simulation) ou encore son articulation avec l’ouvrage plus technique Dynamics of Growth In a Finite World.
3. L’étude des réactions à la parution du Rapport, notamment celle de la presse et des économistes, la critique de World 2 (Forrester - Nordhaus), les conséquences du 1er choc pétrolier, la réponse des économistes aux projections du modèle World 3… les comparaisons en termes de méthodes (Systems Dynamics and Econometrics), la référence au Steady State (Daly)
4. Une analyse de World 3 au sein de la famille des modèles d’intégration assignée (IAM), plus précisément une étude de la place des World Models.
5. La relecture des résultats tirés des éditions de 1972, 1992 et 2002 à l'aune de nouveaux cadres de réflexion: les Limites Planétaires (Rockstrom, 2009), une relecture de World 3 (Turner, 2011), les cercles de vie sociale (James, 2015), l’économie du Doughnuts (Raworth, 2017)... L’actualité des thèses défendues par le rapport Limits to Growth.
6. La présence de l'Interdisciplinarité dans Limits to Growth. Comment le développement de l'intégration des aspects sociaux a-t-il modifié la méthodologie et les possibilités de répondre aux défis identifiés dans le rapport initial et/ou d'identifier de nouveaux éléments connexes ?
7. Les conséquences de ce rapport et de ses différentes éditions pour les 50 prochaines années. Quels regards sur le futur ?
A l’issue du colloque, les contributions seront publiées dans un ouvrage collectif (anglais).
Deux prix - Prix Donella Meadows pour une/un jeune chercheuse(eur) et le prix ERASME pour un chercheur ou une chercheuse confirmé(e) - seront décernés lors de l'apéritif d'accueil à la Mairie.